La discrimination positive ou l'affirmative action (à la sauce française) fait fantasmer bon nombre de Français : du citoyen lambda à nos intellectuels en passant par les politiques. Le discours est à géométrie variable, l'argumentation digne d'un contorsionniste.
Le discours ambiant
Pour beaucoup, la discrimination positive signifie la mise en place des quotas (cela a été le cas aux Etats-Unis) basés sur les fameux critères ethniques et religieux. La réalité est qu'elle se fonde avant tout sur un critère fondamental, celui de la compétence (si souvent ignoré dans le discours ambiant).
Dans la foulée, une ou plusieurs explications sont souvent avancées pour justifier le refus de cette discrimination-là. Voici les deux plus souvent entendues :
- l'égalité républicaine est inscrite dans la Constitution (La République a affirmé dans sa Constitution l’égalité devant la loi de tous les citoyens «sans distinction d’origine, de race ou de religion»), elle est donc garantie par la législation et l'Etat
- la discrimination positive ne marche pas si bien que ça.
Et la commission Veil ?
D'ailleurs, les conclusions de la commission Veil, chargée de proposer un nouveau préambule à la Constitution pour y inclure le respect de la diversité ne disent rien d'autre. Les membres de ladite commission déclarent que :
- l'affirmative action a été mise en place dans des pays où la discrimination raciale avait été inscrite dans la loi (ce qui n'est pas le cas en France)
- une politique d'action positive serait paradoxale parce que dans les pays où elle est en place, elle est en perte de vitesse, et parce qu'il serait très difficile de trouver des critères d'origines familiales acceptables
- la commission craint un affaiblissement du « vivre ensemble »
Conséquence : en ce début d'année, ce sont les critères sociaux qui sont maintenant à l'honneur.
Sur ces 3 points, je dis simplement ceci :
- la discrimination (négative) n'est pas non plus inscrite dans la loi, pourtant elle est pratiquée et se pratique au quotidien.
- cette politique de discrimination positive a donné des résultats visibles aux Etats-Unis depuis des décennies jusqu'à l'élection de Barack Obama (une fois de plus grâce à ses compétences et travail, ses talents et mérites). Mais l'histoire des Etats-Unis n'est pas celle de la France. Le paradoxe français est qu'au delà des principes et décisions en trompe-l'oeil, aucune action concrète à la mesure du problème posé n'est prise.
- concrètement, c'est quoi le "vivre ensemble"? A mon sens, cela signifie au moins une société plus juste et solidaire. J'ai parfois du mal à percevoir cette solidarité mais j'aimerais que l'on m'explique...
Critères réducteurs, prétexte pour maintenir le statu quo
Les faits discriminatoires sont divers et multiples, reposent la plupart du temps sur des critères d'origine (supposée ou réelle), religieux et sociaux. La discrimination positive ne menace en rien les interêts de ceux qui n'en bénéficient pas.
Autant que je sache, Sciences-Po ne discrimine pas les élèves des beaux quartiers avec sa discrimination positive. Il faut bien sûr des critères sociaux mais qu'ils ne soient pas réducteurs.
Il serait vain et dangereux de nier la diversité de la société française.
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