La délégation française a rendu compte, le 11 et 12 août, devant le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'ONU (CERD). Ce comité examine depuis le 2 août la situation d'une dizaine de pays, dont la France qui a ratifié la convention correspondante en 1973. Face aux délégués français, les experts onusiens s'inquiètent de la "recrudescence notable du racisme et de la xénophobie" dans le discours politique.
Les experts n'ont pas manqué d'épingler notamment la politique du gouvernement envers les Roms et les "Français d'origine étrangère" : "le carnet de circulation des gens du voyage nous effraie, nous rappelle l'époque de Pétain", a déclaré l'expert nigérien Waliakoye Saidou.
Ainsi, certains ont demandé si les récents propos de Nicolas Sarkozy étaient compatibles avec la Constitution française. "Je ne comprends pas ce que c'est qu'un Français d'origine étrangère" et "je me demande si cela est compatible avec la Constitution", a demandé l'expert turc Gun Kut. L'expert togolais, Dieudonné Ewomsan, a évoqué les déclarations de Nicolas Sarkozy du 30 juillet et affirmé que "le discours du chef de l'Etat n'est pas seulement discriminant, c'est aussi une incitation à la haine".
En ce qui concerne l'expert français Régis de Gouttes, ancien premier avocat général à la Cour de cassation, lui n'a pas le droit de prendre la parole pendant l'examen de la situation de son pays.
La délégation française a présenté, mercredi, un rapport de 88 pages sur les mesures prises par Paris depuis son dernier examen devant le CERD en 2005 et a répondu jeudi aux remarques faites par le comité concernant les Roms.
Julie Gromellon, représentante permanente de la Fédération internationale des Ligues de droits de l'Homme (FIDH) à Genève, qui assiste aux débats nous éclaire sur la situation de la France : "D'habitude, les experts s'interrogent sur la conformité d'une politique nationale par rapport à la convention. Mais là, les membres du comité ont été choqués par les récentes déclarations au plus haut niveau de l'Etat". Avant de conclure : Ils critiquent l'attitude générale de la France, qui non seulement ne reconnaît pas les discriminations raciales, mais en nie aussi l'existence. Ils reprochent à la France de se retrancher derrière les principes de “liberté, égalité, fraternité” pour dire que "tout va bien".
Le rapport du CEDR est attendu dans une dizaine de jours, mais il n'est pas dit que la France suivra les recommandations des experts.
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